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L’innovation n’a pas été partout au même rythme et l’hymne au progrès a d’abord été chanté dans les campagnes ouvertes : ouvertes au sens foncier, capables par leur surface d’accueillir des engins moins maniables que le cheval et la charrue ; ouverte au sens idéologique, recevant des idées nouvelles, étant au courant d’essais faits ailleurs (en général dans le monde anglo-saxon).
L’innovation n’a jamais été refusée par le paysan ; mais, pendant longtemps, la nouveauté a été si progressive, peu visible à tel point que la campagne s’est modernisée sans que l’on s’en aperçoive.
Avant la Révolution française, il existait en France des sociétés d’agriculture qui permettaient aux notables, aux scientifiques et aux érudits de partager leurs expériences et de faire progresser les savoirs et les techniques agricoles. Ces sociétés d’agriculture étaient souvent animées par des grands propriétaires terriens qui, informés des changements en cours, notamment en Grande-Bretagne (en ces temps d’anglomanie, Arthur Young sera un propagandiste très écouté des nouvelles pratiques agricoles), ou influencés par des littérateurs, se sont émus de l’état de l’agriculture dans leurs campagnes. En 1793, tous les rassemblements, corporatistes ou non, ayant été interdits par la Convention, les sociétés d’agriculture disparaissent donc momentanément. Cette aristocratie foncière refera surface au début du XIXe siècle avec le même désir de moderniser l’agriculture en agissant sur les terres (drainage, bonification), sur le bétail (sélection du cheptel), sur les cultures et les procédés d’exploitation.
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