Revue de presse
Enquête
Dans les cimetières, tombes et ornements changent peu à peu
Les cimetières changent. Le promeneur qui, à l’occasion de la Toussaint, marchera entre les tombes fleuries, constatera que le style des pierres tombales obéit aussi à des tendances. “L’évolution est lente, mais perceptible”, note Marc Manzini, dont la société commercialise des stèles, urnes et vasques en granit à Comblanchien (Côte-d’Or).
Les familles versent rarement dans la complète originalité. “L’hommage au disparu doit faire l’objet d’un consensus familial. Ce n’est pas un moment où l’on a envie de se distinguer”, observe François Bouis, bronzier à Crest (Drôme) et président du Salon professionnel de l’art funéraire, qui se tiendra, à Paris, du 15 au 17 novembre.
Néanmoins, depuis le début des années 2000, les formes des tombeaux “sont plus fluides, moins géométriques, note M. Manzini. Les gens recherchent une impression de mouvement, ils privilégient le symbole du passage, de l’envol vers l’au-delà”, poursuit-il. Les pierres tombales prennent la forme de flammes, de coeurs ou de feuillage. “On assiste à l’apparition des doucines, ces moulures figurant un S qui garnissent le haut des stèles”, observe pour sa part André Chabot, créateur de monuments funéraires et photographe de cimetières “depuis trente ans”.
Les granits, autrefois originaires de Bretagne ou des Vosges, proviennent aujourd’hui de Chine ou d’Inde. “Les coûts de fabrication y sont moindres. Les fabricants exportent des pierres déjà sculptées sur lesquelles il ne reste plus qu’à graver le nom du défunt”, indique M. Chabot. Parmi les classiques : un arbre grossièrement dessiné ou une pleureuse posée sur le côté de la stèle.
Ces pierres importées se déclinent par ailleurs dans une plus grande variété de coloris. Au noir et au gris classiques se substituent “des teintes rosées, vertes ou orangées”, dit M. Manzini.
L’évolution des technologies permet aux familles d’opter pour des ornements d’un genre nouveau. Les photographies des défunts, traditionnellement plaquées sur un support de porcelaine, sont désormais reproduites par ordinateur puis gravées à même la stèle.
M. Bouis, bronzier, constate que le choix des accessoires posés sur les pierres tombales “laisse moins de place à la religiosité”. Depuis quelques années, on lui commande “davantage de bouquets champêtres, oiseaux, écureuils ou hérissons et moins de statues du Christ”.
La laïcisation de la société amène aussi les fournisseurs à vendre davantage de sculptures liées aux hobbies de la personne décédée, tels qu’un pêcheur à la ligne, un chasseur et son chien ou encore un sapeur-pompier. “Pour ce dernier modèle, nous avons dû récemment modifier le casque, car il ne correspondait pas à celui en Kevlar que les pompiers portent aujourd’hui”, précise M. Bouis.
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Olivier Razemon
Lire l’intégralité de l’article paru dans l’édition du 30.10.07.