Serge Tisseron s’entretient avec le philosophe Pierre Musso, professeur émérite de sciences de l’information et de la communication à l’Université de Rennes II, auteur de “La Religion industrielle. Monastère, manufacture, usine. Une généalogie de l’entreprise” (Fayard, 2017).
Qu’est ce qui constitue la matière première de l’innovation et de la création technologique ? A cette question, Pierre Musso répond sans hésiter : l’imaginaire. Celui de l’homme occidental est bâtie sur le mythe prométhéen de domination de la nature. Mais il a fallu pour l’épanouir rompre avec la vision contemplative de la nature développée par l’Antiquité. L’imaginaire de l’industrialisation sur lequel nous vivons encore aujourd’hui s’est alors peu à peu imposé comme une nouvelle religion. Comme toute religion, l’industrie a ses cérémonies, ses expositions, ses rassemblements. Mais à la différence des religions monothéistes centrées sur la figure du père, l’industrie est centrée sur une figure maternelle. Ou plutôt une double figure : d’un côté une mère généreuse qui prodigue ses largesses aux humains, de l’autre une marâtre cruelle qui malmène ses enfants.
Le choix musical de Pierre Musso est “Les mains d’or” de Bernard Lavilliers.
Bibliographie complémentaire