Fontes n°100 : Denis Woronoff

La fontaine Carpeaux

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En 1867, le préfet Haussman demande à Davioud, architecte  en charge des travaux de la Ville de Paris, de concevoir une fontaine pour le jardin de l’Observatoire. Davioud proposa cet ensemble, intitulé « Les Quatre parties du monde soutenant la sphère céleste ». Jean-Baptiste Carpeaux  produisit le groupe des allégories, et Eugène Frémiet, les chevaux marins, les tortues et les dauphins. Il revint à Eugène Legrain de réaliser le globe et les signes du zodiac et à Louis Villeminot, de décorer le piédestal. Malgré ces concours, la postérité n’a retenu que l’intervention de Carpeaux, il est vrai, décisive. Le tout fut fondu à Paris, dans l’entreprise Matifat et installé dans le jardin en 1874. L’appellation du monument nous indique que la division de la Terre en cinq continents n’est pas encore acquise. L’Océanie va tardivement s’imposer. Cette œuvre a provoqué chez les contemporains des réactions mitigées.

Certains critiques d’art n’y virent que « quatre femmes déshabillées, dégingandées ». Nous sommes au contraire séduits par ce double mouvement qui fait tourner ces femmes sur elles-mêmes et autour de la sphère céleste. Il y a un allant  dans cette ronde et une remarquable variété d’allure. A voir le jeu des jambes et des mains, on se souvient  que Carpeaux est en  train d’achever le groupe de « La danse » à l’Opéra (1869). Chaque « partie » a son style, ses traits. Retenons simplement l’Africaine, avec une chaîne à la cheville. Un maillon a été brisé, l’Amérindienne a le pied dessus. Une libération en marche ?

Le Maréchal Ney

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La statue en bronze du Maréchal Ney, à Paris, avenue de l’Observatoire, a été érigée le 7 décembre 1853 pour honorer le « brave des braves », fusillé le 7 décembre 1815. Il avait été condamné à mort par la Chambre des Pairs pour avoir rallié Napoléon pendant les « Cent Jours », après être passé au service de Louis XVIII en 1814. L’exécution a eu lieu sur l’emplacement actuel de la gare de Port Royal. Le monument a été déplacé à hauteur de « La Closerie des lilas »  lors de l’arrivée du chemin de fer ( 1893-1894). Il est dû à François Rude et a été fondu chez Eck et Durand, à Paris. Ney fut d’abord pour moi un voisin d’enfance et presque un compagnon de jeux. Plus tard m’est apparu tout le talent de Rude, donnant à voire le combattant plus que le maréchal, le soldat à pied et non en majesté. Si toutes les batailles auxquelles il a pris part sont mentionnées sur le socle, il est surtout dans la mémoire collective le Prince de la Moskowa, menacé et triomphant. Un artiste républicain salue ce Prince tout comme Rodin saluera l’artiste en disant que Rude a produit « la plus belle statue de Paris ».


Denis Woronoff est professeur émérite d’histoire de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il est spécialiste de l’histoire de l’industrie en France, principalement de la sidérurgie, de l’histoire des techniques et du patrimoine industriel. À ce titre, il participe au comité scientifique de plusieurs musées et centres de culture technique. Ses recherches actuelles portent sur l’emballage, en longue période, et sur l’histoire culturelle de l’industrie dans la société française du XIXe siècle, à travers l’iconographie et la littérature.


 

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