Si L. Oudry n’est pas un fondeur, il trouve néanmoins sa place ici pour son apport sur le traitement de surface du métal et des fontes d’art. Nous avons repris un travail élaboré par M. Hubert Demory (voir sur son site sa présentation) qui propose sur son site web une page bien documentée sur cette technique, le rôle d’Oudry jusqu’au déclin de cette pratique fort controversée aujourd’hui alors qu’elle a séduit les acheteurs au XIXe siècle.
http://mapage.noos.fr/hubert.demory/oudry.htm
Voir également en lign sur le site du Cnam http://cnum.cnam.fr/DET/8XAE149.8.html
Chevalier, Michel, (1806-1879)
Exposition universelle de 1867 à Paris. Rapports du Jury international publiés sous la direction de M. Michel Chevalier.
Volume Tome huitième : Groupe VI. Instruments et procédés des arts usuels – Classes 47 à 52.
Adresse Paris : Imprimerie administrative de Paul Dupont, 1868.
Collation [4]-616 p. ; 8° Mot(s) matière(s) Exposition internationale (1867 ; Paris) ; Industrie – France – 19e siècle ;
Produits industriels – France – 19e siècle Cote CNAM 8° Xae 149-8
Voir également sur ce sujet pages 287 et suivantes : Gallica (BNF) http://gallica2.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24675w.f314.tableDesMatieres#
Titre : Les merveilles de la science, ou Description populaire des inventions modernes. 2 / par Louis Figuier…
Auteur : Figuier, Louis (1819-1894) Éditeur : Furne, Jouvet et Cie (Paris)
Date d’édition : 1867-1891 Sujet : Inventions – Vulgarisation
Type : texte, monographie en plusieurs volumes ) Langue : Français Format : application/pdf
Droits : domaine public – Identifiant : ark:/12148/bpt6k24675w
Provenance : Bibliothèque nationale de France Description : 6 vol. (dont 2 suppl.) : 2
Les secrets de monsieur Oudry
En 1839, Jacoby, physicien allemand naturalisé russe, remarque sur les piles de Daniell des dépôts qui reproduisent les plaques jusqu’au moindre défaut. Sans entrer trop dans la technique, rappelons que dans une pile le pôle négatif attire les parcelles de cuivre de la solution de sulfate, et le pôle positif l’acide sulfurique. C’est la découverte de la galvanoplastie ; toutefois les anciens égyptiens paraissent avoir connu l’art de précipiter le cuivre, d’une solution saline aqueuse, sur des moules non métalliques ainsi que le montrent des objets trouvés dans les sépultures de Thèbes et de Menphis.
On a bientôt l’idée, pour préserver le fer de l’oxydation de l’air et de l’eau, de le revêtir d’une couche de cuivre par électrolyse. Mais comment revêtir, à peu de frais, le fer ou la fonte d’une couche de cuivre assez épaisse pour donner toutes les garanties de durée ?
En 1854, Léopold Oudry crée un atelier électrochimique à Auteuil, au 10 de la rue Cuissard (aujourd’hui Félicien-David). Très vite il réussit à cuivrer solidement de petites pièces, au moyen d’un décapage du métal dans un acide, et de deux bains consécutifs pendant lesquels le cuivre est déposé par la pile. Il essaie sur de plus grandes pièces de fonte, mais c’est l’échec car pour obtenir une forte épaisseur de cuivre il faut laisser séjourner la pièce plusieurs jours, voire plusieurs semaines, dans le bain de sulfate de cuivre, or ce bain acide attaque la fonte.
Oudry a alors l’idée de recouvrir la fonte d’une couche d’un enduit qui doit à la fois préserver le métal et, étant rendu conducteur de l’électricité au moyen de la plombagine, permettre de cuivrer dans un bain saturé de sulfate de cuivre. Cet enduit sera à base de benzine, une sorte de vernis. Mais ce procédé a l’inconvénient d’empâter les détails. Son fils a alors l’idée de remplacer cet enduit par une couche de peinture compacte composée d’huile chaude et de poudre de cuivre.
Un ingénieur de Paris, Darcel, mis au courant du secret industriel d’Oudry, en parle à Alphand, directeur de la voie publique et des promenades, qui voit aussitôt tout le parti qu’on peut tirer de ce système pour l’embellissement et la conservation des fontaines monumentales et des candélabres publics. A la suite d’une enquête faite par une commission de douze membres, le Conseil municipal, sur le rapport de Pelouze, membre de l’Académie des sciences, émet un vote favorable et Oudry obtient la commande de cuivrage galvanique de tous les objets et monuments de fonte de la ville de Paris. L’atelier de la rue Cuissard ne convient plus, Oudry crée une grande usine électrochimique au 10 bis route de Versailles et y accueillera en moyenne 150 ouvriers.
En 1856, on confie à Oudry l’exécution des poteaux indicateurs du bois de Boulogne ; en 1857, la fontaine de Vénus aux Champs-Elysées ; en 1858, celle de Diane, dans la même promenade. En 1859, il cuivre la fontaine de la place Louvois ainsi que plusieurs grands candélabres au rond-point de l’Etoile ; en 1860, les fontaines des Quatre-Saisons des Champs-Elysées et il termine les grands candélabres de l’Etoile au nombre de 140.
En 1861, il exécute un véritable tour de force : le cuivrage des deux fontaines monumentales de la place de la Concorde, érigées par Hittorff en 1838 et qui devaient être repeintes tous les ans. Il faut les démonter pour les transporter à l’usine d’Auteuil. Chaque grande statue pèse 1,9 tonne, la grande vasque composée de trois partie totalise 10,5 tonnes et l’autre vasque d’un seul tenant 7,4 tonnes. Afin de cuivrer correctement les parties concaves et convexes des statues, Oudry a un autre secret : “il se sert de vessies de boeuf ou de porc, qui n’ont pas la rigidité de la porcelaine, tout en ayant également le don d’endosmose ; on y emprisonne une petite plaque de zinc entourée d’eau acidulée, et on se procure ainsi un élément parfait.” explique Turgan dans “Les grandes Usines”. Comme on lui confie aussi les 20 colonnes rostrales et les 76 grands candélabres de cette même place, il consommera, cette année-là, 140.000 vessies.
Par la suite on lui commande tous les candélabres pour l’éclairage au gaz de Paris. Ces candélabres, modèle dessiné par Oudry, sont fondus à Brousseval et se composent de trois parties : un piédestal, dans lequel s’ouvre une porte permettant à l’ouvrier gazier d’accéder au robinet du gaz, un fût qui conduit le tuyau de gaz jusqu’au bec, et la lanterne en laiton qui est ronde dans l’ancien Paris et carrée, car plus rustique, dans les villages annexés. Il en produira plus de 15.000 exemplaires. (On peut encore en voir quelques exemplaires dans l’escalier longeant la station de métro Passy.)
Dans cette usine, rien n’est perdu. Oudry utilise son enduit chaque fois qu’il a besoin de peinture et remarque qu’appliqué même sur du plâtre frais il sèche très vite et devient absolument inaccessible à l’humidité tout en donnant à la pierre ou au plâtre une apparence émaillée. Pour ce qui est du sulfate de zinc, dont il produit 100 tonnes par an, il le vend pour la teinture et l’impression sur étoffe, notamment à Mulhouse. Enfin, les 140.000 vessies, qu’il utilise chaque année, sont vendues à des auvergnats qui les brûlent pour en retirer les parcelles de cuivre galvanique restées dans leur tissu.
Après les derniers candélabres, il n’y a plus suffisamment de commandes. De 1880 à 1882, l’usine survivra en participant à la fabrication de l’épée-baïonnette modèle 1874 puis disparaîtra pour la plus grande joie des promoteurs.
© Hubert DEMORY
http://mapage.noos.fr/hubert.demory/oudry.htm
A titre complémentaire et documentaire, trouvé sur le site du Conservatoire numérique du Cnam, cet extrait ici reproduit :
Titre La Lumière électrique
Volume 1e série, vol. 6, n°1-25, 1882 – Adresse Paris : Union des syndicats de l’électricité, 1882 – Cote CNAM P84.6 Mot(s) matière(s) Eclairage électrique
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