Emmanuel Fremiet (Paris 1824 – Paris 1910) Jeune éléphant pris au piège (3,60 x 2,22 x 3,12). A DURENNE FONDEUR. (RF 3752) 3 tonnes.
Pierre-Louis Rouillard (Paris 1820 – Paris 1881), Cheval à la herse, (3,50 x 2,23 x 2,20) DURENNE (RF 3754) 2,5 tonnes.
Ces animaux ont été plus faciles à capturer par le musée d’Orsay que les allégories des Continents mais proviennent comme elles du palais du Trocadéro construit par l’architecte Gabriel Davioud pour l’exposition universelle de 1878.
La nouvelle République veut surpasser les triomphes de 1855 et de 1867 du Second l’Empire. Après la défaite contre la Prusse en 1870 et la guerre civile de 1871, il faut montrer l’image d’une nation réconciliée et prospère. Le régime, mal assuré jusqu’en 1879, évite la politique en faisant appel à six Continents pour le balcon d’honneur, à quatre animaux pour le bassin.
Le contrat (Archives Nationales, F/12 /3338) est exigeant : la fonte de première qualité, doit présenter dans sa cassure un grain gris, uniforme, bien serré et régulier, exempt de gerçure. Coulée d’une venue très nette du premier jet (pas de rebouchage après coup) son épaisseur sera régulière sur toutes les surfaces.
Nettoyée, ébarbée, avivée, elle devra se laisser travailler au burin. A la réception les architectes seront assistés de statuaires.
En cas de retard de la livraison le 25 avril 1878, une astreinte de 50 F par jour sera due sans mise en demeure préalable. Les grèves ne seront pas admises comme cas de force majeure.
Pour la dernière exposition universelle de Paris en 1937, le décor sculpté est enlevé. L’architecte autrichien Loos avait annoncé le changement de goût en 1908 : « L’ornement est un crime ». L’Eléphant et le Cheval qui ont perdu leur dorure d’origine sont envoyés à la porte de Saint-Cloud de 1935 à 1986. Après restauration et le choix d’une peinture couleur bronze, ils se dressent sur le parvis à l’ouverture du musée d’Orsay en décembre 1986.
Anne Pingeot.
Anne Pingeot est historienne de l’art, conservateur honoraire au musée d’Orsay. Elle prend part au projet du musée d’Orsay à partir de 1973, en tant que spécialiste de la sculpture du XIXe siècle puis y devient conservatrice des sculptures. On lui doit notamment l’intérêt porté par le musée d’Orsay aux fontes d’art.