Conflit peu banal à la fonderie Gillet  entre les salariés et leur ex-patron

LE MONDE ECONOMIE | Par Solène Lhénoret

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Les salariés de la nouvelle fonderie Gillet Industries espèrent voir « l’affaire Bernardi » définitivement classée. La décision du conseil de prud’hommes d’Albi (Tarn), qui doit être rendue lundi 9 mai, pourrait mettre un terme au conflit qui les oppose à leur ancien PDG, Jacques Bernardi.

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En novembre 2014, 27 salariés, sur les 41 en poste lors de la liquidation, décident de reprendre la fonderie Gillet, installée à Albi depuis 1687, en société coopérative et participative (SCOP). Accaparés par la production, ils confient la direction à un salarié extérieur, Jacques Bernardi, rencontré lors de la mise en liquidation alors qu’il cherchait une entreprise à racheter.

Sept mois après avoir été nommé à la tête de cette entreprise historique de l’Albigeois, M. Bernardi présente sa démission, lors d’un conseil d’administration, face au refus d’un salarié d’avancer leur heure d’arrivée le matin. Dans la foulée, il attaque l’équipe pour licenciement abusif et demande 150 000 euros de dommages.

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« Ça n’a pas collé. Le PDG gérait la fonderie comme sa propre PME, sans discussion, sans information. Une SCOP aujourd’hui, ce n’est pas ça, explique Boris Boissière, directeur général depuis son départ. M. Bernardi a démissionné de ses deux mandats, directeur et président, et nous a assignés aux prud’hommes en août. » De son côté, M. Bernardi reproche aux administrateurs de la SCOP « d’avoir fait front contre lui ».

Les salariés, eux, demandent à ce que le conseil des prud’hommes soit déclaré incompétent à statuer sur cette affaire. Si c’est le cas, cette dernière pourrait être renvoyée devant la commission d’arbitrage nationale des SCOP.

100 000 euros de bénéfice

Cet épisode est venu s’ajouter à la multitude d’événements auxquels l’équipe a dû faire face ces dernières années. Les salariés les plus anciens de l’entreprise familiale Gillet ont connu au début des années 2000 plusieurs dépôts de bilan, puis le rachat de la fonderie par une filiale du groupe Sobral en 2008. Endettée à hauteur de 1,2 million d’euros, cette dernière a fini par mettre la fonderie en liquidation le 22 juillet 2014, pour une reprise le 15 septembre.

« L’administrateur judiciaire, Me Savenier, a vu qu’il y avait du potentiel : on a des clients, le savoir-faire, il y a vraiment une âme dans cette entreprise », raconte le nouveau président de la fonderie, Nicolas Pomarède, depuis vingt-huit ans chez Gillet et ancien responsable de la maintenance.

Dans la négociation, les nouveaux sociétaires ont récupéré le matériel, le fonds de commerce, la clientèle et les modèles des pièces. Entre leur ARCE (aide à la reprise et création d’entreprise) et un prêt personnel de 5 000 euros chacun, à rembourser sur quatre ans, les salariés ont apporté 400 000 euros de liquidités. Travailler avec l’existant leur a déjà permis de dégager un bénéfice de plus de 100 000 euros en 2015.

« On a pris six mois de retard parce que M. Bernardi ne voulait rien valider, affirme M. Boissière. On a lancé les projets à partir du moment où nous avons pris les postes de direction. » Ainsi prévoient-ils d’investir en 2016 au moins 600 000 euros dans le renouvellement du matériel d’usinage et de fonderie.

  • Solène Lhénoret  Journaliste au Monde

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