Comment expertiser un bronze animalier ?
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Représentés de manière très réaliste, stylisée ou fantasmée, les animaux en bronze s’invitent régulièrement en salles des ventes. Voici quelques clés pour enchérir et comprendre un marché vaste et complexe, peuplé d’éditions multiples.
Extrait :
L’édition : la distinction entre les fontes du vivant de l’artiste et les fontes posthumes
‹ A partir des années 1920, le style des bronzes animaliers, jusque-là très réaliste, change pour aller vers davantage d’épure (à l’exception notable du travail de Rembrandt Bugatti). C’est le cas des créations de François Pompon (1855-1933), auteur notamment d’oiseaux stylisés : une Pintade fonte ancienne Hebrard avec son cachet de fondeur peut être estimée 15 000 à 20 000 euros, parce qu’il est déterminé que cette édition date des années 1930. Cet artiste a malheureusement été édité de manière posthume et un peu anarchique, ce qui force les experts à se montrer prudents. Le 3 mars dernier, une Panthère noire et un Grand ours « d’après Pompon » ont logiquement été adjugés à l’estimation, soit 2 200 euros pièce chez Alexandre Landre.
Autre grand nom de l’époque, Georges-Lucien Guyot (1885-1972) a lui aussi été repris, surmoulé, édité. Cela explique de grandes variations de prix : 46 640 euros pour une Lionne aux aguets, fonte du vivant de l’artiste chez Mercier en mai 2024 ; et seulement 3 514 euros pour une Lionne couchée d’après Guyot en 2020 chez Besch Cannes Auction. « Il n’existe que peu d’ouvrages de référence pour s’y retrouver, regrette Alexis Jacquemard, à part celui très complet sur Barye, il faut se fier à la qualité de la sculpture, de la ciselure, de la patine, regarder les signatures et marques… ».
Ce problème d’édition (ou de surmoulage postérieur) se pose pour tous les bronzes animaliers de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. A l’époque, la pratique est légale, et aucune loi n’encadre la fabrication. Les éditions, en différentes tailles, se multiplient dès lors qu’un sujet plaît au public. En 1935, une première loi encadre la dénomination de « bronze », l’alliage métallique doit comprendre 65 % au moins de cuivre. En 1981, le nombre d’exemplaires va être limité à huit (plus quatre épreuves d’artiste).