D’accord, ce n’est pas une Mougeotte, mais l’image est belle : elle témoigne du fait que la tournée du facteur est importante pour le lien social…
Amy Liptrot ne fait plus qu’une avec les Orcades
Dans « L’Ecart », l’Orcadienne raconte son éveil à elle-même, après l’alcoolisme, grâce à l’observation patiente des animaux et des vagues de l’archipel écossais.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Macha Séry
L’Ecart (The Outrun), d’Amy Liptrot, traduit de l’anglais par Karine Reignier-Guerre, Globe, 336 p., 22 € (en librairie le 29 août).
Parlons d’abord d’un plaisir modeste mais réel : rencontrer – comme on le dit pour une personne – un mot neuf ou une acception inconnue. Au gré d’une lecture, on ramasse ces trouvailles en chemin, tels les cailloux ou les coquillages qu’Amy Liptrot étudie avec minutie, pendant de longs mois d’hiver, sur l’île écossaise de Papay (70 habitants à l’année). Née dans ces « badlands », l’écrivaine a su dès le plus jeune âge que « l’écart », titre qu’elle donne à son premier livre, désigne une bande côtière à moitié défrichée. L’herbe n’y est jamais haute en raison des vents et des embruns. Sitôt quittés le pré d’agnelage mitoyen à la ferme, les moutons y côtoient les vaches des Highlands, les nichées d’oiseaux, ainsi que les lutins et les farfadets qu’évoquent les contes insulaires.
La jeune trentenaire a grandi à quelques encablures de Papay, sur Mainland, l’île principale des Orcades. Cet archipel subarctique fut l’un des berceaux du néolithique. Les Pictes l’ont occupé. Puis les Vikings. Il figure aujourd’hui à la proue en matière d’énergies renouvelables (éolienne et hydrolienne). Quoique éclatés en une soixantaine d’îles dont une dizaine est habitée, les Orcades forment un monde singulier : idiotismes, légendes, paysage façonné de douces collines et de falaises propices aux naufrages. La terre est pauvre mais riche en vestiges de l’âge de fer ou du bronze, à l’exemple des tumuli et des cairns inscrits au Patrimoine de l’Unesco.
Drôle d’oiseauA ses 18 ans, la volatile Amy Liptrot, fille de fermiers, a migré vers le Sud, avide de découvrir Londres et de poursuivre ses études. Elle s’est follement amusée. Frasques et gueule de bois. Elle a beaucoup déménagé. Elle a exercé divers emplois qu’elle a été incapable de garder.