Revue de presse : un bronze de Rodin vendu 670 000 euros…

Lyon : une sculpture en bronze de Rodin  vendue 670 000 euros aux enchères sur internet

Paru sur le site France3 régions (Rhône-Alpes) Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/lyon-sculpture-bronze-rodin-estimee-400-000-euros-vendue-aux-encheres-internet-1894970.html

Eve était à vendre. L’oeuvre de Rodin a été vendue 670 000 euros. Confinement oblige, cette vente aux enchères orchestrée par une maison de vente de Lyon se déroulait en ligne dimanche 15 novembre.

Eve était destinée aux portes de l’Enfer. La sculpture dans sa taille normale fait 1m73, mais à la demande de Rodin, une version réduite de 75 cm est réalisée entre 1905 et 1917 pour des collectionneurs particuliers, à un moment où l’artiste est à l’apogée de sa renomée mondiale. A cette époque, “dans le monde entier, on veut des oeuvres de Rodin. Des collectionneurs privés cherchent à acheter des oeuvres en dimension réduite” selon Olivier Houg, spécialiste des oeuvres d’art modernes et contemportaines. 
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Eve, un signe de modernité

Dans la décennie 1880, Rodin réalise ce qui peut être considéré comme son œuvre capitale : la Porte de l’Enfer. L’artiste crée pour celle-ci une grande quantité de sculptures. Parmi les sujets pour ce travail titanesque: Eve. Pensée dès 1881, pour être placée en face d’Adam, Rodin doit se résoudre à la laisser dormir pendant presque 10 ans sans y toucher. En effet, “son modèle, Maria Abbruzezzi enceinte pendant la période des séances de pose, changeait de morphologie au fur et à mesure du temps qui passait, rendant, d’après Rodin, son travail d’après nature impossible” selon la maison de vente.

Eve est un signe de modernité dans le style de l’artiste: “modelé, le corps vibre sous la lumière. La présence de la chair, des muscles et de la pesanteur est affirmée” selon la même source.
L’artiste travaillait avec plusieurs fondeurs, Alexis Rudier en l’occurence pour Eve. Il aurait contrôlé lui-même toutes les étapes de la fonte de l’oeuvre, jusqu’à la réalisation de la patine, la dernière étape.
Olivier Houg: “Ce qu’elle a d’exceptionnel, c’est que Rodin lui-même est un artiste d’une dimension extraordinaire. C’est le plus grand sculpteur de la fin du 19e siècle au monde. Il a inventé la sculpture moderne.” 

Un prix de départ de 400.000 euros

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Rodin et Lyon

L’artiste a exposé plusieurs fois à Lyon de 1904 à 1914, jusqu’à l’Exposition Internationale de Lyon. C’est en 1906 que Rodin dévoile Eve à Lyon. L’oeuvre est alors acquise par la ville.  Eve entre dès 1907 dans une collection publique, sous l’œil attentif d’Edouard Herriot, maire de Lyon et ami de Rodin.
Il est à noter que Lyon possède, grâce à cette amitié, la deuxième collection d’œuvres de Rodin après Paris. Mais le lien de Rodin à Lyon ne peut pas être complet sans mentionner Jeanne Bardey, sculpteur, élève et maîtresse de l’artiste. L’ensemble de ses œuvres est aujourd’hui abrité par le Musée des Arts décoratifs de Lyon. Jeanne prit une place importante dans les dernières années de la vie de Rodin. Elle se vit confier l’organisation d’une exposition consacrée aux dessins du maître par Edouard Herriot, qu’elle ne put mener à son terme.

 Rodin n’aura jamais pu apprécier son oeuvre, la Porte de l’Enfer, de son vivant

La Porte de l’Enfer occupe une place tout à fait particulière dans la création de Rodin. Travaillant avec fièvre durant plusieurs années, il créa plus de 200 figures et groupes qui forment un véritable vivier dans lequel il puisa durant le reste de sa carrière. Après avoir espéré pouvoir la présenter à l’Exposition universelle de 1889, le sculpteur laissa La Porte de côté à la fin des années 1880.
 À plusieurs reprises, il eut l’ambition d’achever son œuvre. Dans le cadre de sa grande exposition personnelle de 1900, il résolut de la montrer enfin au public, mais dans un état fragmentaire puisqu’il renonça finalement à mettre en place les figures les plus en relief, indépendantes de la structure principale, jugeant qu’elles produisaient un contraste trop fort avec le fond.
 Vers 1907, La Porte fut proche de voir le jour dans une version luxueuse, alliant le bronze et le marbre, qui devait être installée au musée du Luxembourg, où étaient exposées les œuvres acquises par l’État auprès des artistes contemporains.
 C’est en 1917 seulement que Léonce Bénédite, premier conservateur du musée Rodin, parvint à convaincre le sculpteur de le laisser reconstituer son chef-d’œuvre pour en faire réaliser une fonte, Rodin mourut avant de voir le résultat de tous ses efforts.
 

 Renaud Gardette

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