Du haut-fourneau classé monument historique aux bouches de métro Art nouveau et au TGV, la fonderie se raconte à Dommartin-le-Franc, en Haute-Marne. Entrez au Metallurgic Park.
Il y avait deux usines à Dommartin-le-Franc. Celle du « haut » est devenue, en 2010, le Metallurgic Park, premier centre d’interprétation de la fonderie. Pièce maîtresse de ce site remarquablement conservé, son haut-fourneau vaut la peine de cheminer via quelques petites routes : construit en 1834, il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. « C’est l’un des seuls en France resté en l’état. Il est à la charnière entre deux technologies, particulièrement proche de celui décrit par Diderot et d’Alembert dans L’Encyclopédie », avance Sylvain Roze, de l’Association pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine métallurgique haut-marnais (ASPM). La sauvegarde de ce haut-fourneau a été l’étincelle ranimant une histoire de la Haute-Marne bâtie sur le triptyque bois, eau et minerai de fer.
Au XIIe siècle, les moines cisterciens y travaillent le fer, l’architecte Hector Guimard y a fait notamment réaliser les bouches de métro Art nouveau et les industries d’aujourd’hui y produisent des pièces pour le TGV ou le dessalement de l’eau de mer.
Coulée de fonte en son et lumière
Pousser la porte du moulin, autrement dit de l’accueil du Metallurgic Park, c’est pénétrer dans cet univers. Agréable et didactique, le parc à minerai, bordé par le canal des usines, mène jusqu’à l’imposante halle de la coulée. Un spectacle son et lumière fait revivre le haut-fourneau le temps d’une coulée de fonte. « Il fonctionnait 24 heures sur 24. Sableur, mouleur, fondeur… Deux équipes de trente ouvriers se relayaient pour fabriquer environ trois tonnes de fonte par jour, en deux coulées », détaille Sylvain Roze. Tout à côté, également réhabilité, le four Wilkinson pour fondre les rebuts et la roue à aube.
En face, la halle à charbon avec, au milieu, un « cube vidéo » qui propose une immersion dans les fonderies actuelles. Tout autour, en étoile, l’évolution des techniques, celle de la condition ouvrière, des statues, des fontaines Wallace et de tout ce mobilier – urbain ou pas – ayant essaimé à travers le monde.
Le centre d’interprétation n’est ouvert que d’avril à novembre. « Nous avons encore une grande marge de progression », relève Virginie Dupuy, conservatrice du musée de Saint-Dizier. D’année en année, les animations – pour adultes et enfants – s’étoffent. En parallèle, l’ASPM, présidée par Elisabeth Robert-Dehaut, développe un projet de conservatoire de machines dans l’usine du « bas ». De son côté, le maire de Dommartin et élu communautaire en charge du patrimoine industriel, Guy Cadet, vient de lancer une procédure de labellisation « Pays d’art et d’histoire », dont le parc serait le pivot. Après l’Alsace et les Vosges, ce serait le quatrième label de ce type dans le Grand-Est et le seul consacré à la fonderie d’art en France.
A ne pas rater dans et aux alentours de Dommartin-le-Franc :
• 300 ans de machinisme agricole.- Il s’agit de la nouvelle expo temporaire présentée dans la halle à charbon de Métallurgic Park jusqu’au 20 novembre. Du cheval de trait au cheval-vapeur, une histoire qui réunit fer, métallurgie et hommes.
• Le magasin.- A deux pas du Park, le magasin des fontes d’art de Dommartin-le-Franc (mobiliers de jardin, pare-feu, vases…).
• Le château de Voltaire à Cirey-sur-Blaise.- Dans les combles, le philosophe a créé son « petit théâtre » qui reste une des plus anciennes scènes de France.
• Colombey-les-Deux-Eglises.- Situé au pied de la Croix de Lorraine, le Mémorial Charles-De-Gaulle va bien au-delà d’une présentation classique de l’homme du 18-Juin.
• Le musée de Saint-Dizier.- Des sépultures des chefs francs aux créations d’Hector Guimard, pape de la fonte Art nouveau. En prime, du 16 septembre au 26 mars, l’exposition « L’Austrasie, le royaume barbare oublié » ou l’identité ancienne des pays du Grand-Est.
• Le Paradis.- Lampadaires, fontaines, statues : les fontes d’art de l’ancienne usine Antoine Durenne sont visibles dans le monde entier. Dans la commune de Sommevoire, le Paradis expose une partie des modèles du fonds Durenne, principalement de la statuaire en plâtre. Bartholdi, Guimard et autres signatures célèbres en ont réalisé un certain nombre.