Lu dans Télérama du 21 février 2018
A lire l’article, on pourrait croire que la cocotte en fonte a été inventée à Guise chez Godin en fin de siècle. Alors qu’il existait déjà aux catalogues de tous les fondeurs, des cocottes en fonte. Ce qui est trompeur. De fait, ce qui est en question – cela se voit sur la photo et non pas dans le texte – c’est l’émail sur la fonte. Sylvain Roze rappelle que la fonte émaillée est récente car cela posait des problèmes techniques.
L’émaillage
L’émail existe depuis l’Antiquité pour recouvrir des vases et pour faire des bijoux. Mais ces émaux ne conviennent pas pour recouvrir la fonte et le fer.Des essais sont faits pour traiter des ustensiles de cuisine, pots et marmites. Avec la température, l’émail ne tient pas, se décolle; les recherches montrent que la dilatation de l’émail est trop différent de celle de la fonte. En 1817, les premiers ustensiles furent émaillés avec succès mais la recette resta secrète et ne fut pas divulguée en France.
Brevets de M. Godin
M. Godin à Guise fit de nombreux essais. Il procéda en chauffant les pièces au rouge, à environ 750 °C et en saupoudrant les pièces avec l’émail en poudre ce qui faisait fondre la poudre qui recouvrait les pièces. Ce procédé de poudrage au tamis était une grande innovation. Mais la couleur était seulement noir verdâtre. M. Godin fit de d’autres essais pour obtenir un émail blanc, mais sans succès. Il apparut très rapidement que cet émail était très nocif pour les ouvriers car il contenait du plomb et de l’arsenic.
En 1862, à l’exposition universelle de Londres, il dépose un brevet pour l’émaillage des poêles en fonte. En 1871, il dépose un nouveau brevet : invention de nouveaux émaux non plombifères applicables à l’émaillage de la fonte et de la tôle. Il avait réussi à fabriquer de l’émail blanc à partir de matières vitreuses ; en ajoutant des oxydes métalliques, il est possible d’obtenir différentes couleurs. A partir de ce moment, la fonte émaillé se développa et les poêles se transformèrent en mobilier de décoration.
Cet article, par ailleurs élogieux pour la fonte, est paru au moment où l’ASPM (Sylvain Roze) travaille sur les productions de fonte émaillée dans le Conservatoire des arts de la métallurgie et que se prépare une réponse à appel à communication sur l’or blanc, colloque d’automne, où nous pensons présenter l’émail.