En attendant un bilan plus structuré, quelques réflexions sur le colloque qui s’est tenu à Ironbridge du 10 au 14 juillet dans les locaux du musée d’Ironbridge, colloque organisé par l’université de Birmingham. Présentation du colloque par ce lien http://ironandsteel2013.wordpress.com/
La France était représentée par quelques participants : Pascal Raggi (Université de Lorraine) qui a parlé de la mémoire ouvrière, Jacqueline Bayon and T.O. Gheorghiu and Gabriela Pascu – Iron Landscapes and Iron Skylines Change the Romanian Communities (avec des comparaisons entre les mines de fer, de charbon entre la Roumanie et la France… Suzanne Sebo en lien avec l’unversité d’Osaka évoque le port de cette ville et sa “mise en scène”.
Nous avions choisi de parler de la démarche de remémoration de la fonte d’art dans le monde au secours du patrimoine métallurgique français et haut-marnais, plus particulièrement, soulignant le décalage entre la richesse de cette fonte monumentale et l’état des outils de production dans la région : ruines du Val d’Osne, abandon de nombreux sites, politique de verdissement… Metallurgic Park étant l’exception qui, après de longs combats, a fait l’objet d’un programme de restauration et de valorisation.
Les communications étaient en anglais, nombreuses et partagée entre ateliers qui se déroulaient simultanément, ce qui nous interdisait de tout suivre ; il fallait faire des choix et il nous faudra attendre la publication des actes pour lire les textes définitifs.
Le colloque a permis, dans les marges, de revisiter les richesses de la vallée de Coalbrookdale, de voir comment en 20 ans de distance, cela avait pu évoluer. Le principal apport est Enginuity, jeu de mots sur Engine et Ingénuité : une sorte de palais de la découverte où les grands et les petits manipulent de nombreuses installations techniques adaptées au jeu pédagogique. L’ampleur de la participation et de l’enthousiasme des adolescentes nous a surpris !
Sur le fond, le colloque abordait le destin du patrimoine métallurgique entre rouille (Rust), réhabilitation (regeneration) et romance. Ce dernier mot était certainement le plus intéressant : comment on peut raconter l’histoire industrielle, comment on peut réenchanter cette rouille souvent décriée, souvent refusée et nettoyée au nom de la modernité, évacuant avec la fonte et le fer l’histoire des hommes.
Parmi les contributions dont les résumés sont accessibles sur le site du colloque, un certain nombre ont brossé des constats mi-figue mi-raisin : la valorisation du patrimoine industriel est un chemin difficile ; surtout pour les grosses installations que les collectivités locales n’arrivent pas à gérer : les installations de Betheleem Steel (USA) n’ont rien de comparable avec Dommartin-le-Franc. Pourtant la réussite allemande de Völklingen, grosse usine s’il en est, montre que c’est faisable. Sauf s’il y a des enjeux financiers, des convoitises sur le territoire.
Un des points du débat a été posé d’entrée dans les lessons inaugurales : le patrimoine industriel est souvent valorisé par des considérations techniques et historiques ; alors que le public est aussi séduit par la “romance” évoquée dans le titre de la conférence. Ironbridge est un bon exemple de cette romance : un lieu agréable, une histoire qui flatte le sentiment national anglais (le slogan est “là ou est née l’industrie”), un contexte industriel où les fumées, la pollution ont disparu au profit d’un parc thématique autour de la fonte et de l’industrie. De quoi expliquer les 550 000 visiteurs annuels dans les différents lieux qu’il faut une semaine pour visiter.
Comment réenchanter le patrimoine industriel ? La question a été abordée, mais elle pourrait être un thème en soi, plus cadré, plus serré. Nous avons essayé de nous couler dans ce cadre en racontant la belle histoire des fontes d’art françaises dans le monde. Une forme de réenchantement. Reste que sur place, en France, le discours est encore très technique, les ordinateurs pilotent les audiovisuels ou les audioguides alors que la parole humaine et le dialogue ont plus de poids, plus de véracité, plus de conviction.
Nous reviendrons sur ce colloque. Plus concrètement, nous avons pris contact avec des chercheurs qui abordent chacun à leur manière le patrimoine ornemental dans des pays différents ; nous tentons de créer un groupe de travail qui pourrait se placer sous l’égide du Ticcih (au niveau mondial).