L’artiste, l’un des plus importants sculpteurs vivant, a réalisé cette œuvre en 1988 et elle fût coulée dans l’usine GHM Sommevoire. Ces trois gastropodes sont d’une échelle hors du commun (pour des gastropodes) et cependant de proportions bien modestes (pour des sculptures). Sous la forme arrondie de leur coquille, un autre volume se précise, de fonte lui aussi, mais d’une toute autre nature : cela tient plus de l’étui à trompette ou autre instrument à vent. L’animal l’escalade, le chevauche, l’étouffe peut-être. Bien étrange lutte, paisible mais sans doute cruelle, accouplement pas seulement contre-nature mais hors-nature.
Cette rencontre tient du rêve éveillé, du merveilleux, immobilisé, figé dans la sculpture. Parlant de ses œuvres, Tony Cragg précise : « Les formes sont développées à partir d’un langage organique, presque animaliste, utilisé par les alchimistes d’autrefois. » Il cherche, dit-il encore, à faire apparaître des « formes mutationnelles, transitionnelles ». Il associe des archétypes de formes (des fossiles, par exemple), ou comme ici la coquille de l’escargot et la boîte à instrument, l’une et l’autre associées par une analogie décalée, étrange croisement, improbable évolution, s’il faut s’en tenir à nos savoirs positifs.
Darwin égaré dans un conte fantastique ! L’artiste, que l’on connaît pour ses œuvres faites de fragments et d’objets de rebut trouvés et assemblés, joue ici avec les moyens traditionnels de la sculpture (la fonte) pour mener à terme une étrange métamorphose et orchestrer la rencontre entre monde animal et monde des objets, entre fable et songe.
photo de Tony Cragg par Gérard Rondeau
Cette œuvre est un prêt du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) et elle est accompagnée d’un portrait de l’artiste réalisé par Gérard Rondeau. Cette photographie, réalisée dans le cadre de la fabrication de la sculpture, fait honneur à l’illustre artiste, Antony Gragg, et aux artistes de l’ombre, les fondeurs.
Les deux œuvres seront visibles, tout au long de la saison, dans la halle à charbon et elles permettront d’établir un dialogue entre création contemporaine en fonte et la fonte traditionnelle.