Fonte : le pont tournant jamais construit à Brest (revue de presse)

Histoire : le pont tournant jamais construit à Brest

Nombreux sont les Brestois à avoir entendu parler du pont tournant qui fut l’emblème de Brest. Plus rares sont ceux à savoir qu’il a failli avoir un aspect tout à fait différent.

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Le projet de pont tournant à Brest de Joseph-Victor Trischler. (©DR)

Dans les années 1860, Brest comptait 50000 habitants et se composait en grande partie de faubourgs très ruraux : les illustrateurs ne manquaient pas de mettre en avant le côté pittoresque  de ces quartiers. Mais la nécessité de la modernisation s’imposait déjà : au niveau de Recouvrance, la liaison entre les deux rives, assurée par des bacs transbordeurs, se caractérisait par une mortalité élevée  ! Il était temps d’y remédier.

Ce fut dans ce contexte, où les ingénieurs s’intéressaient déjà aux potentialités du métal, que deux projets de pont s’affrontèrent, dont un qui avait été établi en 1843 par l’entrepreneur brestois Joseph-Victor Trischler : son plan comprenait non seulement un tablier mobile, s’ouvrant de manière horizontale pour permettre le passage des navires, mais aussi et surtout une arche monumentale, en fonte ouvragée, culminant «à cinquante-trois mètres au-dessus des plus hautes marées» et pourvu de quatre cents marches permettant le passage des piétons à tout instant !

Lire aussi : Brest : l’histoire du pont de Recouvrance

«Le plus magnifique pont»

Nul doute que l’ouvrage d’art aurait eu une envolée certaine et que les badauds se seraient rués pour regarder les bateaux par en haut. Le projet de Trischler, baptisé pont de Joinville, remporta l’adhésion du conseil municipal, qui vota le budget de sa construction, et notamment du maire Hyacinte Bizet qui se réjouissait déjà de doter «le premier port de la France du plus magnifique pont dont elle puisse encore s’enorgueillir».

Mais une ville ne fait pas toujours ce qu’elle veut, à plus forte raison sous le Second Empire !
L’État imposa donc, malgré l’avis de la municipalité, le projet concurrent, conçu par Nicolas Cadiat et Alphonse Oudry, de pont mû par deux cabestans à engrenage, avec deux volets pouvant pivoter sur eux-mêmes.

Pont impérial

Après trois ans de construction ayant coûté au total 2,8 millions de francs de l’époque, il fut inauguré le 23 juin 1861 et baptisé pont impérial en hommage à Napoléon III qui n’était cependant pas présent. Ce pont devint le symbole de la ville et le resta après la chute de l’empereur, malgré le discrédit dont le régime déchu faisait l’objet. Détruit par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, il fut remplacé par l’actuel pont levant. Mais ceci est une autre histoire.

Le pont Nicolas Cadiat et Alphonse Oudry

Le projet Trischler tomba dans un oubli relatif dont le tira Pascal Aumasson au cours d’une conférence avant de quitter son poste de conservateur du musée des Beaux-arts de Brest : le destin de la ville aurait-il été autre si ce pont avait été bâti ?

Benoît Quinquis

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