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La fonderie
D’abord intégrée, elle est séparée de l’usine de machines agricoles et travaille donc en sous-traitance pour le voisin, puis pour d’autres clients. Sur les photographies d’archives, on aperçoit les installations de seconde fusion : deux cubilots ont été installés en 1950 une fois que les locaux ont été nettoyés et adaptés pour la CIMA. À cette époque, des machines à mouler, des chantiers mécanisés de coulée sont déjà en place. Pendant 45 ans, l’osmose entre la fonderie et l’usinage est allée de soi ; puis est venu le temps de la séparation, au nom des doctrines alors en vogue telles que « se concentrer sur son cœur de métier ». Pour IHF et Case, ce cœur était la machine agricole, la transmission. L’externalisation de la fonderie en 1995, quand Valfond achète la fonderie à Case, permet de faire pression sur les coûts de fabrication car on peut exiger d’un sous-traitant ou fournisseur ce qu’on ne peut obtenir en interne. Valfond, qui avait eu pour ambition de créer un grand pôle dédié à la fonte en rachetant partout des fonderies en difficulté, est contraint de céder l’usine à FMBA (Fonderie Bragarde de Machinisme Agricole) en 2004.
La fonderie Valfond de Saint-Dizier sauvée de la liquidation (Libération)
Par Muriel Gremillet — 2 avril 2004
La Fonderie bragarde de mécanique agricole remplace depuis hier Valfond à Saint-Dizier (Haute-Marne). Le tribunal de commerce a autorisé la reprise de l’entreprise par son ancien directeur. 159 emplois sur 223 ont été sauvés. L’ancien propriétaire, le groupe Valfond, filiale de la banque suisse UBS, a accepté de réinjecter plus d’argent pour éviter la liquidation. Un litige opposait sur ce point les collectivités locales et Valfond. D’autant que l’ancien propriétaire avait bénéficié de 3 millions d’euros d’aides publiques. Les collectivités locales envisagent une procédure judiciaire pour récupérer ces sommes.
Changement de nom en 2005 : en 2004, Valfond-Saint-Dizier était devenu FMBA (Fonderie Bragarde de Machinisme Agricole).
« François Maraldi, arrivé en novembre 2003, en devient le directeur, lequel aujourd’hui est président de la SAS de Focast Group et DG de sa holding.
Le tribunal de commerce de Saint-Dizier (Haute-Marne) vient de valider la reprise par le groupe Pebeco-Siffal (15 millions d’euros de chiffre d’affaires, 220 salariés) de la Fonderie Bragarde de Machinisme Agricole (FBMA), en redressement judiciaire depuis quinze mois. Sur les 149 salariés du site haut-marnais, 104 doivent être repris, les autres étant licenciés ou bénéficiant de mesures de préretraite. La FBMA avait été créée début 2004 par le directeur du site François Maraldi avec le soutien d’industriels locaux et des collectivités pour reprendre la fonderie du groupe Valfond. Celle-ci avait bénéficié d’une aide de 5 millions d’euros en juillet 2002 pour moderniser l’usine et la mettre aux normes environnementales.
L’implantation à Saint-Dizier conforte le groupe Pebeco-Siffal dans sa politique de double diversification entreprise depuis 1997 et sa reprise par Daniel Alleaume, son actuel dirigeant. »
Un autre projet de reprise avait été avancé avec le groupe familial italien Zen (110 millions d’euros de chiffre d’affaires, 500 salariés, 80 000 tonnes annuelles de fonte) : il n’a pas été retenu.
Focast Saint-Dizier. « Notre fonderie qui pratique le co-engineering, dispose d’une renommée internationale. Elle est le leader français dans la production de carter de transmissions et d’éléments de moteurs de poids lourds. Notre capacité de production est de 38 000 tonnes de pièces par an. Nous produisons des fontes grises de qualité, des fontes sphéroïdales et des fontes à graphite lamellaire. Le poids des pièces produites varie de 50 kg à 360 kg. » Source : http://www.focastsaintdizier.com/fr/index.html
Changement encore en 2010 : Focast dans le groupe familial belge, Ogepar
Diversification réussie pour Focast Saint-Dizier
Source : Chambre de commerce et d’industrie : http://fr.calameo.com/read/003069936341f471f7ff4
L’histoire de cette entreprise, bien connue du paysage industriel bragard, ne ressemble en rien à un long fleuve tranquille. Mais les stratégies mises en place ces dernières années par ses dirigeants ont permis de stabiliser l’activité et de la remettre sur les rails du développement.
« Lorsque vous évoquez Focast avec les habitants de Saint-Dizier, ils vous répondent International Harvester, McCormick ou encore Case. Même si elle a changé plusieurs fois de noms et de propriétaires depuis sa création en 1937, cette fonderie de fonte n’en demeure pas moins une référence internationale dans le monde du machinisme agricole. Elle fournit notamment des pièces pour les tracteurs Claas, Massey Ferguson ou encore New Holland, pour ne citer qu’eux. Et si ce secteur occupe encore aujourd’hui 75 % de son activité, elle travaille depuis quelques années pour celui des poids lourds. C’est cette ouverture vers d’autres marchés qui a sans doute sauvé la vie de cette industrie.
« Depuis 2010, Focast appartient à un groupe familial belge, Ogepar, qui en est l’actionnaire majoritaire », explique Olivier Babilon, directeur général depuis la n d’année 2014. « Ce rachat a été très positif car il a apporté beaucoup de stabilité économique à l’entreprise. Ses actionnaires sont de vrais industriels qui ont pour vocation d’investir pour développer l’entreprise et pérenniser les emplois. » Ainsi, depuis 5 ans, tous les résultats annuels sont réinjectés pour l’achat de nouvelles machines ou dans la robotisation avec pour résultats l’augmentation de la productivité et de la rentabilité. »
L’ouverture à de nouveaux marchés
C’est Ogepar qui a forcé Focast à se diversifier afin d’avoir une roue de secours en cas de baisse de l’activité agricole. « C’est ainsi que nous avons commencé à fabriquer des sous-blocs de moteur pour poids lourds. Après cinq années de développement, nous sommes aujourd’hui à un rythme de production de 3 000 à 4 000 pièces par mois », poursuit M. Babilon. Et c’est également dans cette optique que depuis 2015 l’entreprise se lance dans la fabrication de pompes à compresseurs.
Le travail de relance de l’activité de Focast, entamé par son prédécesseur, M. Maraldi, se poursuit donc avec M. Babilon. ingénieur en aéronautique, avec une spécialisation “en aérodynamique, ce dernier a justement commencé sa carrière dans la fonderie, chez des équipementiers automobiles. Des débuts qui lui donneront à jamais le goût pour ce secteur. Il se tournera cependant quelque temps vers la chimie suite à une opportunité professionnelle qui le conduit aux Pays-Bas. Pendant six ans, il travaillera sur les contraintes techniques du cuir, côtoyant ainsi les grands noms du luxe tels que Vuitton et Gucci. En reprenant la direction générale de Focast, Olivier Babilon opère un retour aux sources. « On m’a confié la mission d’assurer le développement de l’usine et de sa diversification. Aujourd’hui, les tracteurs sont de plus en plus gros et de plus en plus puissants. Nous sommes donc amenés à faire des pièces de plus en plus imposantes. C’est pourquoi je travaille en ce moment avec les actionnaires sur un projet d’accroissement de nos moyens de production afin de répondre aux nouveaux besoins de nos clients. Si c’est accepté, un nouveau bâtiment sera construit, avec des recrutements à la clé. » Le dirigeant n’en dit pas plus, préférant rester prudent tant que rien n’est signé.
Confiant en l’avenir de l’usine, M. Babilon a une estime toute particulière pour son personnel. « Je tiens à souligner la qualité des employés de cette entreprise. Sans eux, elle n’existerait plus. À mon arrivée, j’ai été surpris par leur investissement et leurs compétences. Les métiers de la fonderie sont difficiles. J’ai affaire à des gens qui connaissent bien leur métier. C’est pourquoi je les écoute et attends d’eux qu’ils soient force de proposition ».
Une reconnaissance bienvenue quand on sait l’image négative que peut avoir parfois ce secteur d’activité.
Delphine Clerc