Pour compléter l’article de la revue Fontes n° 74 sur les origines de la fonte d’art (IIIe partie) : les écrits de G. Eck décrivant les fontaines et leur fabrication.
La fontaine Richelieu
Nous ne négligeons pas, toutefois, d’appeler la sérieuse attention des artistes et des constructeurs sur cet élégant monument de date encore toute récente, érigé sur la place Richelieu, d’après les dessins et sous la direction d’un architecte plein de goût et de talent, de M. Visconti, qui a su trouver dans l’emploi de la fonte toutes les ressources que commandait à son œuvre l’art de l’architecture joint à celui de la statuaire. Entourée d’un grand bassin en pierre de Château-Landon, qui sert de récipient aux eaux tombant en cascade, cette fontaine jaillissante se compose d’une première vasque de très grandes dimensions, en fonte, ornée sur son pourtour, des douze signes du zodiaque et de mascarons par lesquels s’échappent les veines liquides dont la chute s’effectue dans le grand bassin.
Cette première vasque repose sur un piédestal en marbre, de forme quadrangulaire et à oreillons faisant de chacune de ses faces une espèce de loge dans laquelle est placé un groupe en fonte, représentant un génie armé d’une conque marine et qui semble commander à un dauphin lançant l’eau par ses narines.
Une vasque supérieure, également en fonte, ornée aussi sur son pourtour, de coquillages et de petits mascarons donnant passage à autant de veines liquides qui alimentent la première vasque, mais de dimensions bien moins grandes que cette dernière, celle, en un mot, qui, avec l’urne placée à son centre, forme l’apogée du monument, est portée par quatre figures allégoriques chargées, chacune, de divers attributs qui leur sont particuliers, et représentant quatre de nos principaux fleuves, la Seine, la Loire, la Garonne et la Saône.
L’urne, sommet de la chute des diverses colonnes d’eau tombant périodiquement dans les deux vasques dont il vient d’être parlé, est de forme très gracieuse, relevée de sculptures figurant toutes sortes de fruits, et principalement de quatre têtes de faunes qui lui servent d’anses, et dont les bouches servent d’orifices à l’épanchement des eaux, qui, de chute en chute, tombent enfin dans le grand bassin.
À l’exception de ce bassin, du piédestal et du fuseau sur lequel sont adossées les figures allégoriques qui se tiennent debout, toutes les autres parties de cette fontaine monumentale sont en fonte et sortent des ateliers de M. Calla fils, fondeur (16) à Paris.
Cependant, n’oublions pas de dire que si ce monument ajoute beaucoup à la réputation d’homme habile que M. Visconti s’est déjà faite parmi ses confrères, cet architecte a été puissamment secondé dans cette belle œuvre par le sculpteur Klagmann, dont le talent, bien connu aujourd’hui, promet à cet artiste un brillant avenir.
Sous-détails de construction
Le poids de la fonte employée pour les figues, les vasques et les ornements de cette fontaine, est de 28,000 kilogrammes, qui ont été payés la somme de…………………… 33,000 fr
L’exécution des modèles a coûté…………………………………………….. 13,000
Les travaux de marbrerie se sont montés à…………………………………. 16,600
Et ceux de maçonnerie, à la somme de……………………………………… 10,922
Enfin les travaux d’hydraulique se sont élevés à……………………………. 8,265
La dépense d’est donc élevée à la somme totale de……………………….. 81,787 fr
L’eau qui alimente cette fontaine est celle du canal de l’Ourcq.
(Source : Eck)