Jacques Cassinelli nous a quittés le 31 décembre 2010, foudroyé par un infarctus à son domicile de Rio de Janeiro. Sa disparition frappe douloureusement ceux qui l’ont connu et aimé, en particulier les membres fondateurs du Réseau international de la fonte d’art dont Jacques était le président d’honneur.
Après des études d’ingénieur en Suisse, Jacques a développé les affaires de sa famille et est devenu le représentant d’Électricité de France au Brésil. L’ASPM est entrée en contact avec lui en 1992, dans le cadre d’un partenariat noué avec EDF International sur le thème de la recherche des fontes d’art françaises dans le monde. Nous n’avions qu’une référence imprécise au Brésil : les portes en bronze de la cathédrale de Rio de Janeiro (en réalité, l’église de la Candelària), œuvre du sculpteur Lopès coulée par Capitain et Salin en 1899.
C’est au pied de ces portes qu’est née la grande aventure de la fonte d’art en Amérique latine. Jacques, qui venait d’être victime d’un grave accident cardio-vasculaire, a fait ses premiers pas de convalescent pour chercher ces portes, puis découvrir d’autres oeuvres. Ce furent la grande fontaine Monroe, les fontes d’art du Campo de Santana, celles du Jardin botanique, du Palacio Catete et de bien d’autres endroits. 200 œuvres ont été peu à peu mises au jour dans l’espace public de Rio de Janeiro.
En 1994, Jacques Cassinelli et son épouse sont reçus à Saint-Dizier par M. et Mme Ferry, Mme Robert-Dehault, présidente de l’ASPM et, à droite, M. Després, directeur de EDF-GDF Haute-Marne et Meuse (photo d’archives du Journal de la Haute-Marne)
Jacques a contacté le maire de Rio et s’est dépensé sans compter pour révéler ce patrimoine et susciter des actions de valorisation dont les principales sont :
- 1992 : création de la fiche d’inventaire ASPM qui deviendra la référence pour les autres villes et pays,
- 1994 : signature d’une convention de partenariat entre la municipalité et l’ASPM,
- 1995 : exposition « Fontes de arte » à la Casa Franca-Brasil (15 000 visiteurs),
- 1997 : organisation du premier colloque sur la fonte d’art française et sa restauration, en partenariat avec la municipalité et la Light : 250 participants venus de tout le Brésil,
- 1998-2000 : restauration des fontes d’art et protection, au titre des monuments historiques, des 164 œuvres appartenant à la municipalité de Rio,
- 2000 : publication de l’ouvrage Fontes d’art, statues et fontaines de Rio de Janeiro, en versions française et en portugaise.
Un regard et une curiosité sans égale
Entre temps, Jacques signalait et photographiait des fontes d’art repérées au cours de ses voyages au Brésil, en l’Amérique latine ou en Europe.
Parallèlement, l’ASPM entrait en contact avec de nouveaux partenaires issus de tous les continents et développait de riches partenariats avec l’Amérique latine. Les actions menées en Argentine, au Brésil, au Chili, en Uruguay, au Paraguay et dans d’autres pays latino-américains ont fait émerger d’extraordinaires collections. Elles ont bouleversé le regard que portait l’Amérique latine sur sa statuaire publique et celui de la France pour qui ces œuvres ne sont plus des ersatz industriels d’une expression artistique désuète mais des éléments ornementaux et structurants, indissociables du paysage urbain du XIXe siècle.
Le travail accompli en Amérique latine a eu un effet de levier sur le projet Monumen, porté par le RIFA et subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication.
Malgré sa santé fragile, Jacques n’a jamais cessé de participer au développement du réseau, avec la générosité, la fidélité et la discrétion qui témoignent d’une grande âme. En 2007, il a tenu à participer au colloque de Montevideo et à la naissance du RIFA. Il était secrètement heureux d’en être à l’origine. Jusqu’à ses derniers jours, il a contribué à l’enrichissement du site Internet des fontes d’art.
À sa femme Sylvia, qui partagea la compagnie des fontes d’art pendant près de 20 ans, nous exprimons notre grande tristesse, notre affection mais aussi notre reconnaissance pour ce que Jacques nous a apporté. Poursuivre, tous ensemble, notre action nous permettra d’entretenir la flamme vivante de sa mémoire.