Revue de presse : “quarante ans de résistance acharnée des sidérurgistes liégeois”

Un livre retrace quarante ans de résistance acharnée des sidérurgistes liégeois

Michel Gretry

Aux éditions de la Province, "Chroniques d'une mort annoncée et d'une résistance acharnée"
Aux éditions de la Province, “Chroniques d’une mort annoncée et d’une résistance acharnée” – © Tous droits réservés

Ce n’est pas un travail scientifique, mais ce n’est pas non plus une œuvre romancée. L’auteur, le syndicaliste José Verdin prévient d’emblée le lecteur : ce n’est pas un livre d’historien, mais le témoignage d’un acteur, au cœur des événements, qui part à la recherche des ressorts industriels qui ont cassé, et qui ont précipité la fin de l’acier, dans le bassin liégeois.

Pas de révélations fracassantes, mais des mises en lumière de quelques épisodes moins connus : le rôle du commissaire Davignon, lors de la crise des années quatre-vingt, pour réduire les tonnages de Cockerill, mais pas des concurrents gantois ; l’appel à la famille royale belge pour alerter les cousins luxembourgeois, actionnaires d’Arcelor ; l’ingénierie fiscale pour que les “pertes” financières wallonnes financent des investissements à l’étranger.

Au fil du récit, agrémenté de reproductions de tracts et d’affiches et de très belles illustrations, une ligne générale se dessine : les structures de l’État belge n’ont pas permis aux décideurs politiques de défendre les outils comme il aurait fallu, ni face à la détermination flamande de favoriser Sidmar, ni face aux trahisons des propriétaires français à l’époque du rachat par Usinor, ni face aux calculs de rentabilité à très court terme du groupe Mittal lors de la crise des subprimes. Des barricades de résistances ont été dressées, à chaque fois : elles ont fini par céder, des fronts de luttes ont dû reculer. L’éphémère rallumage du haut fourneau de Seraing, conquis au prix d’âpres combats et de l’ingénieux système de “mise sous cocon”, n’a été qu’un épiphénomène Entre dénonciation de ce qui apparaît comme un pillage organisé, et d’une bataille médiatique perdue par les forces ouvrières, ces quelque trois cents pages ont le mérite d’analyser, malgré leurs forces, les faiblesses des mouvements sociaux. Une démarche indispensable au vu des difficultés économiques qui s’annoncent.

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