Revue de presse : le cimetière de Guéret : un inventaire pour redonner vie au cimetière paysager de Guéret

Au cimetière de Guéret, un patrimoine à ne pas laisser mourir

Le cimetière du XIXe doit-il s’effacer, et emporter avec lui les nombreuses richesses qu’il recèle, pour faire de la place ? Non, pense Marie Léger. Pour cette Creusoise passionnée de patrimoine, le lieu devrait même avoir droit à une seconde vie.

Caveaux d’illustres familles ou tombes plus modestes, en tout 350 concessions du cimetière de Guéret, pourraient bien connaître le même sort funeste : visées par une procédure de reprise (*), elles pourraient être purement et simplement détruites. Et c’est tout un pan du patrimoine funéraire qui disparaîtrait. Heureusement, des vivants veillent. Parmi eux, Marie Léger, chargée de mission patrimoine dans le Puy-de-Dôme, et Olivier Brunet, documentaliste au musée de Guéret.

« C’est de l’art funéraire »

En septembre dernier, tous deux ont ainsi animé une conférence pour la Société des sciences de Guéret autour du thème La reprise de tombes dans la partie ancienne du cimetière de Guéret, une menace patrimoniale. Un premier rendez-vous pour alerter sur le sort de ces tombes. « Elles ne sont plus entretenues et donc vouées à la destruction, explique Marie Léger. Mais on peut considérer que c’est de l’art funéraire et ce serait dommage de le perdre. En matière de patrimoine, c’est essentiel. » Essentiel bien au-delà des simples richesses patrimoniales (chapelles, stèles, porcelaines…) que le cimetière du XIXe siècle recèle.

Au cimetière de Guéret.

Au cimetière de Guéret.

« Le cimetière tel qu’on le connaît date du XIXe, poursuit Marie Léger. À cette époque, les autorités instaurent dans les villes et villages de France un espace dédié aux tombes, au recueillement et à la mémoire, en dehors de l’espace des vivants comme il pouvait l’être depuis le Moyen-Âge. S’ouvre alors une réflexion sur la conception de ces cimetières dans un contexte à la fois religieux et romantique où il est conçu comme un espace dédié aux vivants qui viennent saluer la mémoire des morts. Le cimetière devient alors un espace de déambulation, de méditation et de recueillement. »

« La mort ne fait plus partie de la vie. Sur les tombes du XIXe, des messages interpellaient directement le visiteur : “priez pour lui”, “il fut un bon fils, un bon père, un bon époux”. Les tombes récentes n’ont plus la même portée symbolique. »

MARIE LÉGER

Et le cimetière des Pénitents de Guéret, vraisemblablement unique cimetière paysager existant encore dans la région, a été conçu en ce sens. Même si « les rares bancs encore installés n’appellent pas à prendre le temps de s’asseoir ».

Car ici aussi, le temps a fait son œuvre. Le lieu est aujourd’hui « évité par les vivants, la mort ne fait plus partie de la vie. Et on n’est plus du tout sur les mêmes symboliques. Sur ces tombes du XIXe, des messages interpellent directement le visiteur (…)

Un inventaire…  pour préserver les lieux

Pour cette passionnée de patrimoine, pas question que le cimetière du XIXe subisse le même sort qu’il a imposé à celui du XVIIe, détruit pour lui laisser la place. « Si on fait la même chose, s’il n’en reste aucune trace, on n’aura plus rien. Certes, de nombreuses tombes sont dans un très mauvais état et il y a besoin de places pour d’autres concessions, reconnaît-elle. Mais on doit d’abord faire un inventaire du patrimoine de toutes ces tombes menacées de reprise : c’est la première chose à faire pour le préserver. »
Au cimetière de Guéret.

Un inventaire que Marie compte bien entreprendre prochainement. Histoire d’apporter sa pierre à l’édifice de la mémoire. Et pourquoi pas inciter à une réflexion pour « conserver, restaurer, entretenir et redonner corps au cimetière paysager. On pourrait valoriser ce cimetière en préservant l’existant et en trouvant un autre site pour installer les tombes contemporaines. »

(*) Démarche administrative qui fait l’objet d’un cadre légal strict, une telle procédure est lancée quand les sépultures des concessions perpétuelles présentent un danger pour la population, quand on manque de place pour de nouvelles concessions et/ou pour homogénéiser l’espace.

Séverine Perrier

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