Cet article revient sur l’histoire de Denain : il nous donne également un éclairage sur les premiers temps de la sidérurgie dans cette ville : 1835 et le rôle de Pierre François Dumont…
En 1830, Pierre François Dumont avait déjà installé à Ferrière-la-Grande des hauts fourneaux et, par la suite en 1843, une usine de transformation de la fonte.
Voir également : http://www.ville-denain.fr/node/92
Il y a tout juste cinquante-cinq ans, ce jeudi: le dernier haut fourneau d‘Usinor Denain était mis à feu
11/09/2013
Par Francis Thuilliez
Si, dans l’axe de la rue de Villars, se profile le réfrigérant de la centrale EDF de Bouchain, un autre mastodonte, d’acier celui-là, a longtemps bouché l’horizon denaisien : c’était le haut fourneau n°5 d’Usinor. En son temps le plus puissant de France, disparu de nos yeux tristes le 11 juilet 1984. Il avait en service le 12 septembre 1958, il y a ce jeudi tout juste 55 ans.
Le premier haut fourneau en 1835
L’empire de l’acier et de la fonte est né sur les fondements de l’usine à fer, montée en 1835 sur les rives de l’Escaut par le pionnier bouchinois Pierre-François Dumont. Et déjà un haut fourneau. Ce premier atelier devint, en 1849, la Société des hauts fourneaux et forges de Denain et Anzin (après fusion avec le groupe Talabot d’Anzin), puis, cent ans plus tard, Usinor pour Union sidérurgique du Nord de la France. Le géant étalait, sans discontinuer, ses tentacules de Denain à Escaudain. De 900 âmes et 200 maisons en 1830, Denain – «une ville construite de bric et de broc » disait André Jurénil -, comptait 22 940 habitants au recensement de 1901. Soit une augmentation de 2 400 % en à peine un siècle ! En 1962, l’usine de Denain aura même le titre de première de France, avec une production d’acier de deux millions de tonnes (742 000 tonnes, quinze ans plus tôt). Elle emploiera jusqu’à 10 000 salariés, sans compter les sociétés sous-traitantes. Et puisqu’on en est à la période de gloire, souvenons-nous aussi que le métallurgiste Cail embaucha jusqu’à 4 500 personnes. Avant de fermer en avril 1986…
Le 10 juillet 1958, la mise à feu du HF n°5
Mais revenons au jeudi 10 juillet 1958. Une date mémorable de l’épopée industrielle, avec la mise à feu du haut fourneau n°5, qui constitue alors la plus puissante unité française de fabrication de fonte : 1 100 à 1 300 tonnes par jour et même, un peu plus tard, un record à 1 450 tonnes ! Un véritable monstre dont les passerelles culminaient à 73 mètres de haut et dont le creuset mesurait 7,3 m de diamètre, pour un volume total de 1 200 m3. Le HF 5 avait même été conçu pour être encore agrandi si le marché le demandait. En 1967, après avoir vomi quelque 2 610 0 00 tonnes de fonte en neuf ans, le revêtement intérieur en briques réfractaires était remis à neuf, en un temps record pour ne pas perdre en production. La technique était avant-gardiste. Le monstre continua de fonctionner tandis que des ouvriers construisaient à côté les pièces à remplacer. La démolition démarra le 5 juillet. Une énorme grue replaça ensuite, au cœur des installations, les pièces neuves de 190 et 390 tonnes. Et la première coulée sur le site rénové eut lieu en septembre. Avec 8,7 m de diamètre, le nouveau creuset, d’un volume de 1 650 m3, était capable, chaque jour, de brûler 1 200 tonnes de coke et de produire 2 000 tonnes de fonte. Le géant changera de look une nouvelle fois en octobre 1971, au prix d’une rénovation intégrale de son circuit des gaz.
La démolition, en 1984
Mais sonna, hélas, quelques années plus tard, le glas de la sidérurgie denaisienne. Et par ce mercredi orageux du 11 juillet 1984, onze ans après les numéros 2,3 et 4 et trois mois après son voisin, le 3 bis, construit en 1971, le HF : triste destin pour un géant de métal que de devenir, lui-même, une matière première pour d’autres hauts fourneaux.