Vestiges de l’ancienne fonderie à La Voulte-sur-Rhône
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Adresse renseignée dans la base Mérimée :
07800 La Voulte-sur-Rhône – FranceCode Insee de la commune : 07349 – Ardèche [07] – Privas – Rhône Alpes – Auvergne-Rhône-Alpes
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
12 Montée du Laças 07800 La Voulte-sur-RhôneEléments protégés :
Vestiges comprenant : les entrepôts à coke et à minerai, les fours à griller, les rampes pour wagonnets, le quai de déchargement, les galeries, les magasins de coke, la halle de coulée, les bâtiments de souffleries et chaudières (à l’exclusion des bâtiments postérieurs) , ainsi que le sol des parcelles du site et son mur de clôture (cad. AL 597 à 601, 603, 605, 607 à 609) : inscription par arrêté du 2 avril 1996 – Les quatre hauts fourneaux de 1827 et 1845 (cad. AL 597, 598) : classement par arrêté du 5 juillet 1996Les entrepôts à coke et à minerai, les fours à griller, les rampes pour wagonnets, le quai de déchargement, les galeries, les magasins de coke, la halle de coulée, les bâtiments de souffleries et chaudières (à l’exclusion des bâtiments postérieurs), ainsi que le sol des parcelles du site et son mur de clôture sont inscrits au monuments historiques par arrêté du . Les quatre hauts fourneaux de 1827 et 1845 sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du .
Historique :
La mine de La Voulte, exploitée à la fin de l’Ancien Régime, fut acquise en 1812 par les sidérurgistes lyonnais Frèrejean pour alimenter un haut fourneau à Vienne. Louis Frèrejean fonde en 1823 avec les Blumenstein, autres grands sidérurgistes lyonnais, la Compagnie des Forges Loire et Isère qui devint la plus importante entreprise sidérurgique de la région dans les années 1860. Son développement conduisit la compagnie à édifier à La Voulte une batterie de quatre fourneaux au coke. Etablie sur les plans de l’ingénieur anglais Culmann, l’usine, la plus grande de France par ses capacités, était en service en 1828. Caractéristique des premières usines à fonte, elle resta un modèle technique jusqu’à la fin du 19e siècle. Avec la construction de deux hauts fourneaux en 1846, l’activité des fonderies atteint son apogée vers 1870, puis son déclin, avec la crise de la compagnie et la fermeture de l’usine, en 1889, puis des mines en 1892. L’appareil de production, s’organisait sur quatre niveaux : au sommet, une voie ferrée conduisait des galeries à l’usine le minerai qui était versé dans les entrepôts. Sur cette même terrasse, où se trouvaient également des entrepôts pour le coke, on procédait au chargement des fours à griller. Après les hauts fourneaux, la partie basse abritait des bâtiments qui protégeaient les machines soufflantes et leurs chaudières. La gare d’eau, depuis comblée, faisait face aux fourneaux et aux chaudières. Un canal de 300 mètres rejoignait le Rhône. Une rampe inclinée au sud de ce bassin, équipée de rails, montait le coke de Rive-de-Gier.Périodes de construction :
19e siècleArchitecte ou maître d’oeuvre :
CULMANN (ingénieur)Compte-rendu d’une visite
(…) Le Rhône passait autrefois au pied du château et des îles existaient encore au XIXe siècle à l’emplacement de la grande place, du quartier de la mairie et de toute la zone située entre le Rhône actuel et le bas du château. Les bras du fleuve ont été comblés avec le mâchefer provenant des hauts fourneaux. Comme les fonderies ont été créées avant le chemin de fer (le chemin de fer ne fut construit que vers 1860), la société des mines avait creusé un canal entre le Rhône et les installations industrielles pour acheminer le coke et les produits finis.
Nous voilà partis à pied vers le site des anciens hauts fourneaux et fonderies, situé au pied de la colline qui porte le château, l’église et le cimetière.
Anciens hauts fourneaux et fonderies
Son développement date de Napoléon III (l’Ardèche produisait un tiers du fer français à l’époque), mais un des premiers décrets d’autorisation avait été signé à Moscou par Napoléon Ier en 1812. Les installations que nous voyons ont été construites à partir de 1828 et l’ensemble a fonctionné jusqu’en 1891. Il y avait quatre hauts fourneaux et des fonderies qui travaillaient la fonte produite.
Un haut fourneau transforme le minerai de fer en fonte, par fusion du minerai mélangé à un fondant (du calcaire) qui permet d’abaisser la température de fusion, et par une réduction chimique de l’oxyde de fer en fer, réduction opérée par l’oxyde de carbone venant de la combustion de coke (autrefois, du charbon de bois). Le produit obtenu contient encore un certain pourcentage de carbone combiné au fer, c’est la fonte (plus de 3% de carbone). Avec la fonte, on peut déjà fabriquer des produits manufacturés par coulage dans des moules. La fonte, cassante, peut être transformée en acier (moins de 3% de carbone) qui a un usage beaucoup plus général.
Les hauts fourneaux étaient chargés par la partie haute (le gueulard), le mélange descendait au cours de sa fusion et la fonte était récupérée en bas ; il en était de même du laitier (gangue stérile du minerai).
À La Voulte, le minerai de fer était extrait à la Boissine ; ces mines souterraines étaient à un niveau supérieur par rapport au site (derrière la colline), ce qui facilitait le chargement du minerai amené par wagonnets. Le calcaire (la castine) arrivait également par en haut ; en revanche, le coke venait en péniche par le Rhône, depuis les mines de Rive de Gier, et devait être monté par un plan incliné, à l’origine bâti sur pilotis, puis remplacé vers 1860 par celui en maçonnerie que l’on voit encore à gauche des hauts fourneaux.
Sur les quatre hauts fourneaux, il en reste partiellement deux. Ils étaient accolés à l’aplomb du mur de la terrasse supérieure et formaient, à côté du château, une masse imposante bien représentée sur les anciennes illustrations, par exemple celles de l’Album du Vivarais (Albert du Boys, 1842).
La partie inférieure a été conservée ; sur une dizaine de mètres de hauteur, ce sont deux tours pyramidales en brique (renforcées à l’origine par des rangées de tirants en fer horizontaux), l’intérieur circulaire était tapissé de briques réfractaires.
Le bâtiment situé à gauche abritait la machine soufflante à vapeur qui injectait de l’air par des tuyères à la base des hauts fourneaux.Nous allons voir plus loin un des deux autres hauts fourneaux construits en 1846, plus accessible car il est possible de pénétrer dans la base de cette tour et de se rendre compte de sa dimension intérieure. Les gaz chauds étaient récupérés au sommet de la tour et servaient à fabriquer de la vapeur qui alimentait toutes les machines (soufflerie, appareils de levage et de manutention, etc.) et était évacuée par la grande cheminée en brique dont nous parlerons tout à l’heure.
Suivant notre guide, nous montons sur le terre-plein supérieur où se trouvaient les grilloirs qui servaient à préparer le minerai. D’ici, nous voyons mieux la grande cheminée conservée en bon état, sauf le couronnement pour lequel un dossier de subvention a été monté avec la Sauvegarde ; des travaux de consolidation du grand mur limitant le site au nord sont également prévus.Philippe Brun, qui connaît bien l’histoire de La Voulte, nous rappelle que l’Ardèche a été un grand département industriel au XIXe siècle et qu’en 1891, lorsque les fonderies ont disparu, la société de l’Horme, Terrenoire et Bessèges était propriétaire de la moitié du village et du château. Après la dernière guerre, le site avait été racheté par M. Baboin qui y installa une filature, puis par la municipalité. II fut alors complètement abandonné pendant des dizaines d’années et disparut dans la végétation. Réhabilité il y a quelques années avec l’aide des chantiers d’insertion, il est maintenant accessible au public en visite guidée..
Bernard de Brion
(Visite de la Sté de Sauvegarde, avril 2008) https://www.patrimoine-ardeche.com/visites/la_voulte.htm
intérieur d’un haut-fourneau anciens grilloirs
Vue de la terrasse supérieure