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L’après-guerre : Saint-Dizier et la carte française
1947 et 1948 voient l’arrivée des célèbres Farmall Cub et Farmall C, particulièrement adaptés à l’agriculture française.
En 1948, dans une France à reconstruire, et suite aux directives de l’IHC qui regroupent désormais les marques McCormick et Deering en une seule entité, la CIMA-Wallut prend le nom de CIMA (McCormick-Deering International). La société dont le siège social se trouve boulevard de la Villette à Paris, possède alors une dizaine de succursales en France et en Algérie, et crée un centre de distribution à Ris-Orangis dans l’Essonne.
Au début des années cinquante, la mécanisation agricole en France a pris un certain retard par rapport à d’autres pays européens. En 1951, on compte un tracteur pour 156 ha cultivables, alors qu’au Royaume-Uni la surface par tracteur n’est que de 23 ha en moyenne.
Le Plan de Modernisation de l’État français prévoit alors des mesures incitant à l’achat d’un tracteur afin que le parc français qui en 1946 n’en compte que 60 000, atteigne en quelques années 200 000 unités. L’importation de tracteurs outre-atlantique, notamment dans le cadre du Plan Marshall, participera activement à cette tâche. Dès 1946, ce sont près de 3 000 tracteurs IH qui seront importés des États-Unis.
C’est réellement au début des années cinquante que la mécanisation prend un essor massif, et le gouvernement français comprend alors qu’il faut trouver un moyen de limiter les importations de tracteurs, en les construisant en France, générant ainsi de la valeur ajoutée et de l’emploi dans le pays. C’est donc sous l’influence des autorités, et avec la contribution financière de l’IHC que la CIMA fait l’acquisition d’une usine à Saint-Dizier en Haute-Marne l’année 1950.
De fait les choses sont lancées dès 1949 puisque le premier contrat entre EDF et la Cima date de décembre 1949. Les embauches vont vite : en juin 1950, un ouvrier embauché a déjà le n° de matricule 80 (entré à l’âge de 16 ans, il a fait toute sa carrière dans cette usine).
Située dans une région traditionnellement sidérurgique, l’usine sur un site d’environ 20 hectares, est achetée aux Ets Champenois, dont la vocation était la construction d’outils à traction animale, et matériels de ferme.
Après de lourds travaux d’aménagement, l’IHC confie à la CIMA le montage des Farmall C destinés au marché français. La majorité des pièces composant le tracteur sera dans un premier temps importée des États-Unis.
C’est fin 1950 que le premier Farmall FC (F=France) tombe des chaînes d’assemblage de Saint-Dizier.
Fin 1951, conformément aux dernières directives d’IHC, la marque Deering n’apparaîtra plus sur les matériels du groupe, baptisés dorénavant McCormick-International.
Cette année 1951 signe l’arrivée de la première moissonneuse-batteuse de conception française, la F-64, construite à l’usine de Croix, mais assemblée dans un premier temps dans le dépôt de Ris-Orangis. Dès 1952, une extension massive de l’usine de Saint-Dizier permet désormais la fabrication de la totalité des pièces composant le tracteur FC, exception faite du moteur qui est toujours importé des États-Unis. A cette occasion, le tracteur deviendra le Farmall Super FC.
Profitant de l’existence d’un moteur Diesel conçu et fabriqué par l’usine IH de Neuss en Allemagne, la CIMA propose également un tracteur Diesel, le Farmall FCN.
En 1953, alors que 10 000 tracteurs sont déjà sortis des chaînes de Saint-Dizier, les Farmall Super FCC (essence) et Super FCD (Diesel) sont équipés des nouveaux moteurs FC et FD-123 conçus et fabriqués dans l’usine.
1954 verra l’apparition des premières versions Standards (Utiliy) et Vignerons (Vineyard).
En 1955, le Farmall Cub de conception U.S est à son tour construit à Saint-Dizier.
Les séries suivantes F-235,237,265 et 267 sont toujours des tracteurs issus de la base du Farmall FC.
Le 50 000e tracteur sort des chaînes en 1957. En 1958, une collaboration franco-allemande donne naissance au F-135 D très apparenté avec le D-217 allemand.
Les derniers tracteurs de conception purement française seront les F-240 et F-270 en 1962, encore héritiers de la ligne FC.
En 1960, la CIMA devient International Harvester France (IHF), filiale française de l’IHC.
En 1962, IHF réalise des investissements lourds en modernisant les fonderies de Croix, l’usine de Saint-Dizier et crée une nouvelle ficellerie à Croix.
Le marché commun étant devenu une réalité économique, l’agriculture européenne affirme davantage ses différences par rapport au reste du monde. Les dirigeants d’IH comprennent que la conception d’une ligne de tracteurs correspondant aux exigences de l’agriculteur européen rationalisera les coûts de conception et permettra une plus forte pénétration sur un marché en pleine expansion.
En conséquence, un programme de recherches communes entre les usines de Neuss en Allemagne et St-Dizier est lancé au début des années soixante.