Clos Saint-Jean : de Champenois à Yto

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La période Champenois (voir Fontes HS n° 9 – recherche de Philippe Delorme)

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une vue de l’usine en 1930 (extrait du catalogue Champenois-Rambeaux)

Aux confins de la Haute-Marne et de la Meuse, se tient une sorte de « grappe » de petites usines et de simples ateliers de machines agricoles dont le capital, la taille et la production ne peuvent guère faire impression à un grand industriel comme Camille Cavallier. Pourtant, deux d’entre eux, après un temps de dissension familiale, entreprennent de joindre leurs moyens et leurs efforts. Et c’est en 1916, en plein milieu de la guerre de 14-18, que les sociétés « Champenois, Rambeaux & Cie » et « Champenois & Delacourt » constituent une société unique sous la raison sociale « Établissements Champenois ». Le capital, sans être comparable aux 17 000 000 francs d’une grande société de la sidérurgie lorraine comme les « Aciéries de Micheville », créées en 1895, n’est pas ridicule, avec ses 5 700 000 F. La société s’articule autour de cinq sites différents, en Haute-Marne et en Meuse. Elle entreprend de construire une usine ultramoderne sur un terrain de 13 ha à Saint-Dizier même, tout près du canal et du chemin de fer. Elle possède des participations importantes dans des usines dont la production lui est entièrement réservée, à Saint-Quentin (Aine) et Châteauroux (Indre). Enfin, un important dépôt vient d’être construit à Laval (Mayenne) pour approvisionner la clientèle de l’Ouest.

Bien approvisionné en fonte, fer et acier par les fonderies, fours Martin, forges et laminoirs de la région, bien adapté à l’énergie hydraulique et hydroélectrique, un tel ensemble industriel reste cependant fort loin des ambitions ou projets de Cavallier et Ferry et ne peut pas leur servir de modèle.

À la fin des années 1930, en chef d’entreprise avisé, Camille Champenois avait sans doute l’intention de regrouper les cinq usines haut-marnaises de la société sur le seul site dit du Clos Saint-Jean, à Saint-Dizier, idéalement installé au bord des voies de communication et construit selon les normes modernes, les mêmes que celles des usines Citroën, à Paris, au quai de Javel. On sait que la mise en route de cette unité avait été problématique et qu’elle lui avait causé beaucoup de soucis. Apparemment, elle était devenue opérationnelle mais, la Seconde guerre mondiale vient anéantir ce vaste projet. Elle est réquisitionnée par l’armée française au début des hostilités tandis que l’usine de Noncourt est arrêtée, faute de personnel. Les usines de Cousances et de Chamouilley, ainsi que la filiale de St-Quentin continuent de tourner, malgré la mobilisation des personnels et les difficultés d’approvisionnement.

Le 28 juin 1941, devant l’assemblée des actionnaires, en présence de Jacques Marcellot, ancien président, et Léon Champenois, plus fort actionnaire, le président du conseil d’administration, Luce Champenois, rend compte de la situation. L’armée allemande a installé un parc-auto de réparation de véhicules militaires automobiles et l’outil de production a été complètement désorganisé.

Nouveau coup du sort deux ans plus tard : en 1943, Camille Champenois disparaît, laissant les Ets Champenois en grand désarroi.

Au lendemain de la guerre, l’usine de St-Dizier n’étant pas en état de produire quoi que ce soit. Cinq ans plus tard, la friche industrielle sera vendue à la CIMA.

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